Les coulisses de la guerre technologique sur les marchés internationaux – Fares Bouyoucef

Article publié le 01 Aout 2019

Les technologies de l’information et de la communication font l’objet d’un leadership technologique conservé par les Etats Unis, depuis au moins l’apparition et la démocratisation d’Internet. Néanmoins, une nouvelle puissance tente de prendre le leadership technologique mondial, en livrant une rude concurrence contre le leader étasunien. Cette concurrence est le fruit du challenge relevé par la Chine, qui ambitionne de devenir la première puissance industrielle et technologique à l’horizon 2025.

Dans un univers qui, aujourd’hui, est embarqué dans une guerre de l’information mondialisée et multidimensionnelle, la notion d’allié perd son sens classique, et la maîtrise de la technologie revêt un aspect hautement stratégique. L’un des exemples les plus marquants, étant le lancement d’un satellite quantique, en 2016, par l’agence spatiale chinoise, laquelle poursuit un objectif de cyberdéfense inviolable, pouvant bouleverser l’échiquier mondial de la guerre de l’information. 

La Chine a vraisemblablement compris, que pour survivre à cette guerre de l’information, il lui fallait s’émanciper sur le plan technologique. Ceci, afin de protéger sa souveraineté et d’éviter tout risque d’intrusion extérieure. 

  • La guerre de l’ultra connectivité :

Pour comprendre la nature du conflit relatif à la maitrise de la technologie 5G, opposant principalement la Chine aux Etats Unis, il faudra prendre en considération et analyser le marché des ondes qui en découle, ainsi que la dynamique des croissances externes sur ce secteur d’activité. 

Les opérateurs occidentaux mettent en commun leurs forces et leurs capacités stratégiques, en réponse à l’appel des américains pour le déploiement d’une infrastructure réseau en adéquation avec le niveau de développement des objets connectés. Cette initiative peut se démontrer par le rapprochement du français Eutelsat vis-à-vis de ses deux concurrents Intelsat (américain) et SES (Société Européenne des Satellites).

En se basant sur une lecture alternative de ces manœuvres, on pourrait concevoir l’existence d’une autre finalité moins visible, que celle qui fut annoncée officiellement par ces trois acteurs. Notamment, la mise en place d’alliances stratégiques occidentales ciblant un leadership durable sur le segment des télécommunications satellites, avec comme objectif de faire obstacle à la concurrence chinoise.

Il est fort utile de constater, que tous les acteurs sont d’accord sur le fait, que le satellite revêt un aspect stratégique pour la maitrise de la technologie 5G. L’un des champs de bataille de cette course à la 5G, étant la guerre d’influence en cours entre les Etats Unis et la Chine sur le territoire australien. La Chine ambitionnant d’intégrer l’Australie comme l’un de ses partenaires privilégiés, dans sa conception d’une route de la soie technologique, qui consiste à déployer massivement la technologie chinoise dans les pays partenaires.

Certains experts occidentaux voient dans cette initiative, une future montée en puissance de l’offensive chinoise dans cette guerre de l’information, où la Chine pourrait exploiter ses technologies implémentées dans les pays partenaires, pour pouvoir espionner ces-derniers et profiter d’un avantage certain, à travers la captation d’informations sensibles.

Ceci-dit, tous ces faits ne sont aucunement confortés par des preuves tangibles. Mais, il n’en demeure pas moins, que cette manipulation informationnelle essentiellement américaine, a eu l’effet escompté. Ainsi, le gouvernement australien a décidé d’exclure les deux géants chinois de la télécommunication, que sont Huawei et ZTE, de son marché de la 5G. Le principal motif annoncé, étant un risque potentiellement élevé d’ingérence étrangère.

Inopportunément, ce déboire est loin d’être le premier quant aux firmes chinoises. Rappelons les évènements aux Etats Unis, où les principaux organes sécuritaires ont fortement déconseillé l’utilisation de terminaux chinois sur le marché américain, allant jusqu’à en interdire l’utilisation dans leurs administrations publiques. En 2015, la France a créé un dispositif de lutte contre l’ingérence de Huawei. Un véritable système administratif baptisé « Cerbère » a été mis en place profitant d’une couverture secret défense. 

D’un autre côté, il existe aussi cette hypothèse qui renvoie au fait que la principale finalité découlant des initiatives occidentales, au-delà des considérations sécuritaires, pourrait s’exprimer à travers leur volonté de ralentir l’évolution de Huawei sur la technologie 5G, sachant que cette firme est considérée présentement comme le leader mondial sur cette norme.

  • Satellite quantique : la nouvelle muraille de Chine 

Dans cette guerre mondiale de l’information, la maitrise de la donnée constitue un levier stratégique. De ce fait, la sécurité des transmissions est devenue un enjeu planétaire de première importance. Le 16 Août 2016, l’agence spatiale chinoise a lancé le premier satellite de communication quantique de l’histoire. Celui-ci étant considéré comme un préalable à l’avènement d’un système inviolable de communications cryptées à l’horizon 2020-2030.  

La Chine est donc perçue comme le leader actuel de la communication quantique, et cela au regard des profondes avancées de la recherche scientifique chinoise dans ce domaine. Plusieurs applications potentielles commencent à apparaitre. On peut citer le cas de l’Internet Quantique, où des chercheurs chinois se sont déjà attelés à la tâche.

Si la Chine aboutit à des résultats convaincants avant les occidentaux, cela aura un gros impact sur la maitrise de l’écosystème technologique et informationnel, pouvant procurer à la Chine un positionnement de leader indiscutable. La Chine disposera alors d’un bouclier quantique considéré comme invulnérable, lui concédant un atout hautement stratégique en termes de cyberdéfense.

Les principaux résultats de la recherche chinoise dans le domaine des communications quantiques ont été publiés dans Nature et Science, des revues scientifiques de référence, assurant à la Chine sa suprématie dans les technologies futuristes de communications. Mais, également le développement du soft power chinois en se basant sur l’axe de la recherche scientifique, qui lui confère une image forte et positive d’un pays mettant tout en œuvre pour son développement interne. 

La course à la 5G et aux satellites quantiques ne fait que commencer. Il est manifeste, qu’aujourd’hui, la Chine devance l’occident sur ces deux technologies qui pourtant demeurent vitales pour le maintien de la dominance occidentale des technologies de l’information et de la communication.

Pour faire face à la montée en puissance de la Chine, l’Occident tente par tous les moyens de freiner cette dernière. Au-delà de la capacité stratégique des États-Unis et de leurs alliés, ces derniers disposent de réelles aptitudes en termes de guerre de l’information et de stratégies d’influence. Les opérations de manipulation informationnelle contre les firmes chinoises, ont été mené de manière très efficace au regard des différents blocages rencontrés par les entreprises chinoises sur les marchés technologiques internationaux.

Pour conclure, tous ces faits, illustrent parfaitement le rôle et le poids de la technologie dans la guerre mondiale de l’information. Les USA et leurs alliés comptent occuper le terrain pour contraindre la chine. En même temps, l’empire chinois poursuis son avancée technologique, avec comme finalité de devenir le leader mondial des communications quantiques satellitaires.

  • Fares Bouyoucef
    • Expert en Intelligence Economique
    • Fondateur BYC Business Intelligence

Article publié le 01 Aout 2019 par l’équipe du Centre Algérien de Diplomatie Économique

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