The Post BREXIT – Interview with Denis Macshane, Former Europe Minister of the United Kingdom

Entretien publié le 06 Décembre 2021

Présentation de l’auteur :

Denis MacShane est un homme politique britannique.

Ancien Ministre des affaires européennes – Gouvernement Tony Blair, membre de la chambre des communes de 1994 à 2012.  Il a par ailleurs inventé le mot Brexit en 2012.

Diplômé de l’université d’Oxford. Après l’université, en 1969, il rejoint la BBC comme présentateur et journaliste à la radio locale jusqu’en 1977. De retour sur les bancs de l’université, il obtient un PhD en économie à l’Université de Londres en 1990.

Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, notamment celui publié, en janvier 2015, qui s’intitule Brexit : How Britain will leave Europe, ouvrage dans lequel il prédit le résultat du référendum sur l’Union européenne. Il est aussi l’auteur du livre Brexit, No Exit. Why (in the End) Britain Won’t Leave Europe, publié en juillet 2017, dans lequel il affirme que les Anglais ne sont pas prêts à accepter une rupture totale avec l’Europe. En 2020, il publie : Brexiternity, the Uncertain fate of Britain.

Aujourd’hui, ses articles sont régulièrement publiés dans la presse britannique, américaine et française.

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Algerian Center for Economic Diplomacy : Brexit took effect on January 1, 2021, in your opinion, what are its most impacting consequences on the United Kingdom?

Denis MacShane : According to the United Kingdom (UK) Cour des Comptes the PIB of the UK will go down by 4% as trade with the European Union (EU) is made much difficult. The United Kingdom has always made its money as a trading nation. Stop Making trade with the world’s biggest market, the European Union, can only reduce Britain’s economic strength.

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CADE : One year after the effective exit from the EU, do you think that the British partly regret Berxit’s decision?  If yes / no, why?

Denis MacShane : People accept the decision but can only see negative consequences. Opinion polls now show 60% of people saying that Brexit has been negative for the UK. The last opinion polls showed that if the referendum was to take place today there would be a small majority 52-48 to reverse the 2016 plebiscite decision.

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CADE : The hypothesis which says that London could suspend the agreement concerning the Northern Irish protocol, would have the risk of triggering an infernal spiral vis-à-vis the European Union.  What is your take on this matter?

Denis MacShane : Mr Johnson will always seek to mobilize his anti-EU and pro-Brexit supporters. Thus, he needs to create quarrels with Brussels over the fishery or over Northern Ireland. The majority of people in Northern Ireland want to make the treaty work. But there are some politicians who cling to a position hostile to the UE, to Dublin and who regard the Good Friday Agreement as a betrayal of protestant identity.  But the British people as a whole do not want to re-open the ancient hates and quarrels of Northern Ireland. My last book was called “Brexiternity. The Uncertain Fate of Britain.” I fear that we are now in the era of an eternity of problems caused by Mr Johnson’s decision to support a very hard Brexit not one based on compromise.

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CADE : How would you qualify post-Brexit economic relations with the European Union?

Denis MacShane : Negatives. Foreign firms are refusing to invest in the UK as they no longer have easy access to the continents. Thousands of PME have stopped buying from or selling into Europe as the bureaucracy and cost of filling in forms is too expensive. In the first 8 months of 2021, the first year of Brexit, firms in Britain had to fill in 48 million customs forms. This new Soviet style bureaucracy is demoralising British business.

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CADE : You explain how the Brexit process will be long and fraught with difficulties – arguing that a « Brexiternity » of negotiations and internal political wrangling in Britain is to come.  What is your predictive analysis of the different scenarios on the evolution of strategic relations (political, diplomatic and security) between Great Britain and the EU?

Denis MacShane : We will continue to try and build bi-lateral relations on security and defence with individual countries. But the UK will no longer sit at the same table with former EU partners. It a new form of isolationism.

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CADE : Finally, Great Britain has been focusing for a while on increasing the number of bilateral trade agreements with different countries to diversify its trade (example: Switzerland, South Korea), what will be the medium and long objectives?  end of this strategy?

Denis MacShane : These are copier-coller agreements based on existing trade agreements with between these countries and the EU. British farmers are very concerned about an agreement with Australia which means Australia can dump all its sheep and lamb meat produced under conditions currently illegal in the UK into the British market and end lamb production as part of the UK farming sector. President Biden has made clear that there will be no trade discussions with the UK as long as M Johnson threatens to tear up the Brexit Treaty section on Ireland. It can now cost £4,000 to obtain a visa for European citizen who has specialist knowledge to work in certain financial sectors. The impression is given that Britain does not want to be associated with Europe. There are no British politicians elected to the European Parliament and very little contacts between the British political class, policy-makers, think-tanks and their former colleagues in the UE.

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VERSION FRANÇAISE DE L’INTERVIEW

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Centre Algérien de Diplomatie Economique : Le Brexit a pris effet le 1er janvier 2021, à votre avis, quelles sont ses conséquences les plus impactantes sur la Royaume Uni ?

Denis MacShane : Selon la Cour des comptes britannique, le PIB du Royaume-Uni va baisser de 4 %, car les échanges avec l’Union européenne (UE) sont devenus très difficiles. La Grande Bretagne (GB) a toujours gagné son argent en tant que nation commerçante. Arrêter de faire du commerce avec le plus grand marché du monde, l’UE, ne peut que réduire la force économique de la Grande-Bretagne.

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CADE : Un an après la sortie effective de l’UE, pensez-vous vous que les Britanniques regrettent en partie la décision du Berxit ? Si, oui/non, pourquoi ?

Denis MacShane : Les britanniques acceptent la décision mais n’y voient que des conséquences négatives. Les présents sondages d’opinion montrent que 60% des britanniques disent que le Brexit a été néfaste pour le Royaume-Uni. Les derniers sondages d’opinion ont montré que si le référendum avait eu lieu aujourd’hui, il y aurait eu une faible majorité de 52-48 pour inverser la décision du plébiscite de 2016.

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CADE : L’hypothèse qui dit que Londres pourrait suspendre l’accord concernant le protocole nord-irlandais, aurait pour risque de déclencher une spirale infernale vis-à-vis de l’Union européenne. Quel est votre point de vue sur la question ?

Denis MacShane : Monsieur Johnson cherche toujours à mobiliser ses supporteurs anti-UE et pro Brexit. Donc, il a besoin de créer des querelles avec Bruxelles sur la pèche ou sur l’Irlande du Nord. La majorité des habitants d’Irlande du Nord veulent que le traité marche. Mais certains hommes politiques s’accrochent à une position hostile à l’UE, à Dublin et considèrent le Good Friday Agreement comme une trahison de l’identité protestante. Mais le peuple britannique dans son ensemble ne veut pas rouvrir les anciennes haines et querelles d’Irlande du Nord. Mon dernier livre s’intitule « Brexiternity. The Uncertain Fate of Britain ». Je crains que nous soyons aujourd’hui dans une ère caractérisée par des problématiques durables du fait de la décision de Monsieur Johnson de soutenir un Brexit très dur et non pas un Brexit fondé sur le compromis.

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CADE : Comment qualifieriez-vous les rapports économiques post-Brexit avec l’Union européenne ? 

Denis MacShane : Négatifs. Les entreprises étrangères refusent d’investir au Royaume-Uni car elles ne disposent plus d’un accès facile aux continents. Des milliers de PME britanniques ont cessé d’acheter ou de vendre, en Europe, car la bureaucratie et le coût des formulaires à remplir sont trop élevés. Au cours des huit premiers mois de l’année 2021, la première année du Brexit, les entreprises britanniques ont dû remplir 48 millions de formulaires douaniers. Cette nouvelle bureaucratie de style soviétique démoralise les entreprises britanniques.

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CADE : Dans votre dernier ouvrage paru en 2020 « Brexiternity », vous expliquez à quel point le processus du Brexit sera long et semé de difficultés – arguant qu’une « Brexiternité » de négociations et de querelles politiques internes en Grande-Bretagne est à venir. Quelle est votre analyse prédictive quant aux différents scénarii sur l’évolution des relations stratégiques (politiques, diplomatiques et sécuritaires) entre la Grande Bretagne et l’Union européenne ?

Denis MacShane : Nous continuerons à tenter d’établir des relations bilatérales en matière de sécurité et de défense avec les différents pays. Néanmoins, le Royaume-Uni ne s’assiéra plus à la même table que ses anciens partenaires de l’UE. C’est une nouvelle forme d’isolationnisme.

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CADE : Enfin, la Grande Bretagne se concentre depuis un moment sur la multiplication d’accords commerciaux bilatéraux avec différents pays pour diversifier ses échanges commerciaux (exemple : Suisse, Coré du Sud….etc), quelles seront les objectifs à moyen et long terme de cette stratégie ?

Denis MacShane : Il s’agit d’accords copier-coller basés sur des accords commerciaux existants entre ces pays et l’UE. Les agriculteurs britanniques sont très préoccupés par un accord avec l’Australie, qui signifie que ce pays peut écouler sur le marché britannique toute sa viande de mouton et d’agneau produite dans des conditions aujourd’hui considérées comme illégales au Royaume-Uni, et ainsi mettre fin à la production d’agneau dans le cadre du secteur agricole britannique. Le président Biden a clairement indiqué qu’il n’y aura pas de discussions commerciales avec le Royaume-Uni tant que M. Johnson menacera de déchirer la section du traité de Brexit concernant l’Irlande. Il peut désormais coûter 4 000 £ afin d’obtenir un visa pour un citoyen européen, qui possède des connaissances spécialisées pour travailler dans certains secteurs financiers. L’impression est donnée que la Grande-Bretagne ne veut pas être associée à l’Europe. Aucun politicien britannique n’est élu au Parlement européen et il y a très peu de contacts entre la classe politique britannique, les décideurs politiques, les groupes de réflexion et leurs anciens collègues de l’UE.

Entretien réalisé par l’équipe du Centre Algérien de Diplomatie Economique.

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